Passerelle internationale unique : sera ou ne sera pas?
Le 13 janvier 2011Le projet de Passerelle Internationale Unique (PIU) secoue le milieu des télécommunications et des nouvelles technologies à Madagascar depuis la fin de l'année 2010. L'État malgache, initiateur du projet, viserait un meilleur contrôle des appels internationaux. De leur côté, les opérateurs NTIC ne partagent pas cet avis et affichent leur opposition au projet.
PIU : le projet qui soulève des discussions
Vers la mi-décembre, l'État malgache annonce par un décret la mise en place d'une passerelle internationale unique (PIU) par laquelle transiteraient les télécommunications internationales. Le projet s'applique uniquement aux appels vocaux, autrement dit les opérateurs téléphoniques sont les premiers impliqués.Comme argument, l'État avance que cette passerelle permettrait d'avoir un meilleur contrôle sur les appels téléphoniques. À l'aide d'un programme informatique, le système pourra déterminer le volume des appels entrants et sortants, et permettra ainsi de lutter plus efficacement contre les éventuelles fraudes des opérateurs. À noter que l'État prévoit de tirer des redevances estimées à 100 millions de dollars sur une période de cinq ans sur ce projet.
Hausse des tarifs de télécommunications?
Les opérateurs téléphoniques, à savoir Orange, Telma et Airtel voient le projet d'un autre oeil. En effet, tous leurs appels internationaux devront passer par ce canal unique qui sera géré par une société privée offshore, localisée dans les Îles Vierges britanniques. Les opérateurs téléphoniques verront donc leurs charges gonfler par les frais de prestations de la société offshore, qui pense facturer un appel jusqu'à 15 centimes d'euros la minute. Sans parler des taxes qu'ils devront verser à l'État. Pour compenser le manque à gagner, les opérateurs n'ont d'autres choix que d'élargir leur marge commerciale. Les usagers subiront – ils bientôt une hausse des tarifs de télécommunications? Les opérateurs téléphoniques grognent, suivis par toute la communauté des opérateurs NTIC qui réagit.
Goticom affirme sa position contre le projet
Le Goticom ou Groupement des Opérateurs en Technologie de l'Information et de la Communication affiche avec fermeté sa position contre ce projet PIU. L'Express de Madagascar a récemment interviewé Gil Razafitsalama, président du Goticom, à ce sujet. Celui-ci s'est exprimé au nom du groupement en avançant les raisons de leur contestation. Il évoque entre autres la hausse très probable des tarifs de télécommunications, et aussi un manque de transparence dans l'octroi de la gestion de la PIU à une société de droit étranger. Mais le groupement insiste surtout sur la perte de la confidentialité des communications, critère important dans la gestion des projets d'externalisation. Goticom craint alors que les donneurs d'ordre et investisseurs internationaux se détournent de Madagascar pour leurs projets informatiques d'envergure.
Le sujet PIU retient l'attention des opérateurs NTIC et en téléphonie, c'est effectivement l'avenir du secteur qui est en jeu.
Hanja